Sur ma Méditerranée une barque transporte les rêves de l’Afrique.
Les vagues leur ouvre le chemin,
Des siècles et des siècles sur un même refrain.
Ma Méditerranée a le goût des papiers brûlés par l'identité traquée,
Méprisée.
Jamais la bonne couleur.
Jamais la bonne saveur.
Je vois tes passagers porter un pays comme le rocher de Sisyphe,
Puis, quand il pèse trop lourd,
Vient le temps de le jeter par-dessus bord au lieu de le faire rouler.
D'abord la photo,
Ensuite le nom,
Enfin les accents.
Ma Méditerranée a le mal des rêves repêchés,
Une vingtaine, par jour,
Une cinquantaine, par jour,
Des basanés malmenés par les vents mauvais.
Contre toi ma Méditerranée les États se liguent,
Des gorges se raclent,
Des zéros sur un chèque ouvrent le feu sur les obstacles,
Croyant apprivoiser les frontières,
Chantant à haute voix que nous sommes tous frères.
Sur tes vagues ma Méditerranée la mort est gratuite,
Pour te garder de chaque côté on te débarrasse de ce qui pèse moins lourd,
Tes enfants mal nées.
Au large flottent les ombres,
Ali, Youssouf, Driss, Hayet…
Ils dansent en ronde autour du détroit de Messine.
Les sirènes d'Ulysse leur tendent les bras
Pour leur maintenir le rêve hors de l'eau
Pour leur faire la courte échelle jusqu'au grand d'en haut
Jusqu'au grand d'en haut.
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