« Ma Méditerranée »
Je te tutoie depuis si longtemps
Je te côtoie depuis tant de rivages
Avec toi j’ai tant de fois pris le large
J’ai échoué
Je me suis échouée
Et tant de fois je suis revenue pour de nouvelles pages
à écrire sur tes plages
J’ai tant rêvé sur ta carte, sur ton nom : « Méditerranée ».
J’ai suivi du doigt : tes îles, tes bords, tes anses, tes calanques, …
Si bien que : tu es devenu ma carte d’identité.
J’ai fait des châteaux en Espagne
des dessins effacés sous la botte italienne
des sabliers oubliés en Grèce par le Temps chronophage
J’ai écrit des noms sur le sable mouillé en Syrie, en Turquie
J’ai dormi sur le littoral croate lit-té-ra-le-ment
J’ai posé mon sac dans le ressac de tes vagues
J’ai jeté l’ancre pour écrire dans la nacre
Dans le blanc des coquillages errants
Des coquillages usés par tous les courants
Des coquillages venus de tous les continents
Vénus dans sa conque au large de Chypre
Souffle au gré des vents son haleine en sillage
Et c’est ce que l’on entend quand on colle à son oreille un coquillage
Méditerranée
Mer presque fermée, presque close,
Mer qui enfante d’autres mers qui elles-mêmes éclosent
Mariage de l’Orient et de l’Occident
Le O est ta vraie initiale est ton élément
Entre deux eaux : mythes et légendes se mêlent
Méli-mélo d’heureuses unions prospères
Homélies d’Homère qui opèrent
Mais entendons les sirènes d’une mer en danger
Mer polluée, mer lessivée
Mais entendons les sirènes d’une mer des dangers
Mur d’eau infranchissable où le fracas des cadavres couvre une mer qui couve notre humanité avortée
Ou une humanité qui a migré quelque part vers d’autres lieux vers des cieux où des étoiles filantes devraient naître
Méditerranée
Sel de la vie qui ravit nos palais
Mais sel de nos pleurs qui ravive nos plaies
Nous te prions, ô mer qui es à nos côtés, prie pour nous, pauvres pécheurs, maintenant, s’il te plaît.
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